- sonnet
- Sonnet, m. acut. Semble estre diminutif de son, c'est à dire un petit son: si mieux on n'aime dire qu'il est fait de ce mot Latin, Sonitus. Et qu'il ne soit point de la forme diminutive. Mais le François ne l'a ni d'une sorte ne d'autre en courant usage, et ce qu'il dit depuis ne sçay quel temps, Sonnet, pour une façon de Rime comprinse en deux quatrains, et deux tiercets, qui sont quatorze vers, dont le premier rime aux quatrieme, cinquiesme et huictieme, et le second aux troisieme, sixieme et septieme; le neufieme au douzieme; le dixieme au treizieme, et l'onzieme au quatorzieme, c'est un mot par luy emprunté de l'Italien Sonetto, qui l'a prins des Provençaux ou Catalans premiers poëtes, duquel Italien, l'Espagnol aussi a puis n'a gueres prins et le mot et la tissure de la Rime. Aucuns estiment que laditte rime de quatorze vers soit appelée Sonnet, parce que les Italiens le chantent en le lisant. Mais cela n'en est pas la cause: car le chant leur est commun et usité en toutes sortes de leurs rimes dont le vers est de onze syllabes, soit de fait ou d'equipolence. Comme aussi tous vers quelconques en quelque langue qu'ils soient escrits, deussent estre leus avecques ton de chant, ainsi que le mot Carmen, que le Latin leur a baillé, le donne assez à entendre. Autres disent que le sonet ayant esté la premiere façon de rime usitée par les Italiens, a eu ce nom, parce que lesdits Poëtes Provençaux pour donner à entendre que c'est que rime, la definissoient par ces deux vocables accouplez, Son et Mot, et vont alleguant pour preuve de ce, ce vers, de Aymerie de Belenuci: Per ço no puese mots ni sos accordar. Et ceux-ci de Arnaud Daniel, Mas amors mi assauta. Qu'ils mots ab lo son accorda. Et ceux-ci de Jaufre Rudel: No sap chantar qu'il so non di, Ni vers trobar qu'ils mots non fa. Et ceux-ci de Pierre d'Auvergne: Cui bon vers agrad'ausir, De mi conseilh he que 'l escout Aquest que ora comens adir, Que pos li er'sos cors assis, Deu ben entendre 'l son e 'ls mots. Disent outre que Petrarque l'a monstré à signe d'oeil, en ces vers de son premier sonet: Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono. Di quei souspiri ond'io nudriva il cuore. Mais à eux et l'altercation et le jugement.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.